Le Bâtiment des Assemblées, un lieu chargé d'histoire

Propriété des abbés de Clairvaux jusqu'à la Révolution Française, la longue histoire du domaine sur lequel s’élève aujourd’hui le Bâtiment des Assemblées débute au XIIe siècle, au pied des toutes nouvelles murailles de la ville de Dijon...

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Salle des séances

Un peu d'histoire...

Vers 1190

Constitution du domaine par les abbés de Clairvaux
Les abbés de Clairvaux sont les successeurs de Saint-Bernard. Ils cherchent à mettre à l'abri les produits de leurs riches terres du Dijonnais. Ils investissent alors un ensemble de parcelles fait de maisonnettes et de vergers, entre le rempart situé sur le boulevard de la Trémouille, le Suzon et l'actuelle rue de la Préfecture.
Sont ainsi édifiés deux celliers, un pressoir, un logis pour les moines et le gouverneur de leurs biens ainsi que des maisons pour leurs vignerons.

1223

Une petite chapelle y est consacrée
Du XIIIe au XVIe siècle, pour rentabiliser les terrains, plusieurs maisons sont bâties le long de la rue, entre l'entrée et le rempart. Des particuliers les louent à des conditions avantageuses. Tout près de la porte de la cité, deux hôtelleries sont érigées : la Maison des Trois Rois et le Logis Saint-Bernard.

A l'époque, on entre dans l'enclos par la rue de la porte de Bouchefol, qui deviendra ensuite la rue Porte au Fermerot puis la rue de la Préfecture. Aujourd’hui s’y dresse le grand portail de l'Hôtel du Département qui permet l’entrée dans les Jardins du Département.

Les siècles passent et les moines, toujours propriétaires, abandonnent progressivement l’exploitation de leur domaine. Les celliers sont loués, la chapelle est laissée à l’abandon ; peu à peu, l’enclos perd son caractère religieux.

En 1636, alors que la Guerre de Trente ans fait rage, les gens du roi entreposent 150 tonneaux de poudre pris à Matthias Gallas, général de l’armée impériale.

1746

Prisonniers puis invalides : les hôtes se succèdent
Jugeant l'endroit facile à surveiller, le Trésorier des États de Bourgogne y installe aux frais de la ville des prisonniers hollandais puis autrichiens. On est alors en pleine guerre de succession d’Autriche qui oppose notamment la France et la Prusse à l’Autriche et aux Provinces-Unies.
On fait venir des miliciens depuis Paris pour veiller sur ces nouveaux hôtes.
Quelques années plus tard, la ville y logera les invalides préposés à la garde des murailles.

1790

Les moines sont définitivement dépossédés du site
Le domaine est vendu et les biens appartenant à l’abbaye sont saisis. L'enclos comprend toujours une cuverie et un pressoir le long du rempart, deux celliers et une série de jardins. Le tout est tenu à bail par des négociants en vins. Seul le plus grand des deux celliers subsiste encore aujourd’hui : le Cellier de Clairvaux. Le plus petit a quant à lui été détruit au début des années 1910.

C'est à cette époque que se pose la question de savoir quel nom donner à notre département. Les critères géographiques (rivières, massifs montagneux) sont dans l'air du temps. Alors que de leur côté les Constituants hésitent entre Haute-Seine et Seine-et-Saône, c'est finalement le nom de "Côte-d'Or" qui est retenu. Le député André-Rémy Amoult serait l'inventeur présumé de cette appellation.

Projet Cassini : c’est la naissance des départements
Pour unifier le territoire et mettre fin à la diversité des administrations provinciales, l'Assemblée constituante adopte le projet Cassini. Les départements se substituent aux provinces et sont divisés en cantons. Le « Conseil du Département » est chargé d'administrer les affaires locales et placé sous le contrôle du pouvoir central, dont les Préfets sont les représentants.
Les Conseillers Généraux sont nommés pour trois ans par l'Empereur sur des listes départementales de notables et disposent d'attributions strictement réglementées visant, pour l'essentiel, à affecter des dépenses à la seule création de canaux, de chemins et à l'entretien de bâtiments. Ils se réunissent alors à l'Hôtel Bouhier de Lantenay, l’actuel bâtiment de la Préfecture.

1792

Un nouveau quartier voit le jour
Aidée d’un architecte, la municipalité réorganise le périmètre, trace des rues et divise l’enclos en lots qui sont alors rapidement achetés. Un nouveau quartier voit le jour. Il gardera son caractère champêtre jusqu'à l'aménagement du boulevard de la Trémouille (1854) et le prolongement de la rue de la Préfecture (1881).

Les années 1800...

1856

Une cohabitation compliquée
Au fil du temps, l'Hôtel Bouhier de Lantenay se révèle trop exigu pour une cohabitation entre la Préfecture et le Conseil général. Le Préfet propose l'achat d'une maison contiguë et d’un jardin voisin résultant du morcellement de l’ancien enclos de Clairvaux. Le Conseil Général s’installe alors à l’étage du « Petit cellier de Clairvaux », tandis que le rez-de chaussé est loué à des négociants en vin.

Signe du fonctionnement et de l'histoire de la collectivité départementale, la liste des Présidents de l‘Institution et celle des Préfets coexistent de part et d'autre des murs du hall d'entrée du Bâtiment des Assemblées.

1871

Le département devient une collectivité territoriale
Avec la loi du 10 août, le département devient juridiquement une collectivité territoriale et reçoit une compétence globale pour régler les affaires d'intérêt départemental. Le Petit cellier de Clairvaux devient à son tour trop exigu pour les tâches administratives des Conseillers Généraux.

1896

Un lieu dédié pour le Conseil Général
Déjà connu pour avoir réalisé la construction du lycée Carnot, l'architecte dijonnais Arthur Chaudouet est sollicité pour étudier le moyen de restructurer le bâtiment. Au final, l'Assemblée départementale prendra le parti de faire construire un bâtiment neuf, implanté à cheval sur les jardins de la Préfecture et sur une partie du cellier. C’est le bâtiment qui se dresse aujourd’hui.

1899

Le Bâtiment des Assemblées sort de terre
Le projet définitif de construction est approuvé par l'Assemblée et les travaux sont engagés. Construit dans le jardin de la Préfecture, le bâtiment offre deux entrées : une entrée spéciale aux Conseillers, qui donne sur la cour de la Préfecture, et une entrée pour le public située rue James Demontry.

Pour un tel projet, l'architecte Arthur Chaudouet veut utiliser des matériaux de première qualité. Les socles sont en pierre de Damparis et l'élévation en pierre de Dijon, d'Is-sur-Tille ou similaires. La charpente est en chêne, la couverture en ardoise d'Angers et les menuiseries en chêne de droit fil. Les vitres proviennent du Nord.
Réalisé avec l’objectif d'être confortable mais sans luxe, le mobilier s’inspire de celui utilisé au Conseil Municipal de Paris. Tables, chaises, fauteuils, banquettes et bibliothèques sont réalisés par des artisans côte-d'oriens.

De 1900 à nos jours...

1902

La construction du bâtiment est achevée
Le bâtiment est terminé et le mobilier, les tapis et les rideaux sont installés.

Le coût total de la réalisation dépasse les 290 000 francs (44 210 €) prévus par Arthur Chaudouet. Une des raisons : la simple corniche qui devait couronner la Salle des Séances est finalement remplacée par une frise rehaussée d’or avec les armoiries des chefs-lieux de canton.

Les élus décident en 1913 de commander une tapisserie des Gobelins, illustrant l'Histoire du département. Mais la réalité de la Première Guerre Mondiale en 1914 dépasse l'allégorie et le projet n’aboutira jamais. Le tableau placé actuellement en place n'est pas signé, son auteur est inconnu, et aucun document ne permet à ce jour de connaître sa provenance.

1982

Lois de décentralisation et nouvelles responsabilités
Grâce aux lois de décentralisation du 2 mars 1982, les élus sont dotés de nouvelles responsabilités. La tutelle de l'administration préfectorale est supprimée. Désormais, c'est le Président du Département qui détient le pouvoir exécutif et qui assure la préparation et la mise en œuvre du budget de son département.

2004

Acte II de la décentralisation
Plusieurs lois successives opèrent un transfert significatif de compétences aux collectivités locales et notamment aux Conseils Généraux. L'Acte II de la décentralisation débute cette année par le transfert de l'allocation RMI (qui sera remplacé par le RSA en 2009). Suit la loi du 13 août qui donne de nouvelles missions en matière sociale (coordination gérontologique, création des Maisons Départementales des Personnes Handicapées, Fonds d'Aide aux Jeunes, Fonds Social Logement), dans le domaine des collèges (sectorisation) et du Patrimoine Rural Non Protégé.

2015

Ne m’appelez plus Conseil Général
Les Conseils Généraux prennent le nom de Conseils Départementaux.
Les cantons des départements font l'objet d'un redécoupage qui s'accompagne d'un mode de scrutin destiné à promouvoir la parité. Ainsi, chaque canton est désormais représenté par deux Conseillers Départementaux, un homme et une femme. Élus en binôme, ils exercent leur mandat indépendamment l'un de l'autre.

Aujourd'hui, le Conseil Départemental de la Côte-d'Or compte 23 cantons et 46 Conseillers Départementaux. François Sauvadet en est le Président depuis 2008.

Le bâtiment

Salle des séances

Le bâtiment n’a subi aucune transformation majeure depuis sa construction en 1902. A noter toutefois, en 2006, la construction d’une rampe d’accès pour les personnes handicapées, la réfection de la tribune « public », ainsi que la modernisation de la sonorisation et de l’équipement en vidéo projection de la Salle des Séances.

La Salle des Séances

Aux dimensions impressionnantes (15 m de longueur, 11 m de largeur, 10 m de hauteur), elle est placée au centre du bâtiment. Autour de cette salle, un couloir de dégagement de 3 mètres de largeur donne accès aux salles de commission, la buvette et le vestiaire.
Depuis le hall d'entrée, on accède aux tribunes réservées au public et au salon de conversation.
On retrouve au plafond une frise de blasons réhaussée d’or : les armoiries des anciens chefs-lieux des cantons de la Côte-d’Or.

Les salles de réunions

  • Claude Chauveau (1861-1940). Sénateur de la Côte-d’Or de 1910 à 1940, Ministre de l’Agriculture en 1932 dans le 3e gouvernement André Tardieu.
  • Joseph Magnin (1824-1910). Député de la Côte-d’Or de 1863 à 1870, Sénateur de 1875 à 1910, Président du Conseil Général de Côte-d’Or de 1871 à 1909 (38 ans). Ministre du Commerce et de l’Agriculture en 1870-1871, puis Ministre des Finances de 1879 à 1881.
  • Marcel Roclore (1897-1966). Ministre de l’Agriculture en 1947. Résistant. Président du Conseil général de 1951 à 1966. Très impliqué dans la vie de sa ville et de son département, il est au moment de son décès le président de plusieurs associations veillant à la promotion de la région et l’amélioration des équipements.
  • Jean Veillet (1901-1985). Médecin français, résistant, personnalité politique, il succède à Marcel Roclore comme Président du Conseil général de 1966 à 1975 (9 ans). Au décès du Chanoine Kir, alors adjoint, il le remplace à la mairie de Dijon de 1968 à 1971.
  • Jean Bouhey (1898-1963). Viticulteur et négociant, Commissaire de la République pour la Bourgogne et la Franche-Comté en 1943-1945, mutilé de guerre, journaliste politique, il fut maire de Villers-la-Faye entre 1929 et 1945 et Président du Conseil Général de la Côte-d’Or entre 1945 et 1946.